L’architecture de la boutique rue Esquermoise

On doit l’architecture de la boutique du 27 rue Esquermoise à l’architecte César Benvignat qui en 1839 à la demande de M. Rollez alors propriétaire de la maison, entreprend des travaux et donne à la boutique cette atmosphère fastueuse. Il est secondé dans ses travaux par Stalars, peintre, et Yves Huidiez, sculpteur.

La Boutique Rue Esquermoise

En 1904, c’est la famille Cardon qui devient propriétaire. En 1909, la maison se dote d’un salon de thé appelé Family Tea, œuvre du célèbre architecte Cordonnier. Toute la bourgeoisie lilloise s’y retrouve pour déguster gaufres, pâtisseries et autres douceurs.

Aujourd’hui encore, la boutique conserve l’esprit fastueux qu’il avait donné au lieu il y a plus de 170 ans.

La Façade extérieure

La construction de cette maison peut être située dans la première moitié du 18ème siècle.

En effet, si le rez-de-chaussée a été transformé au 19ème siècle, les deux étages ont gardé toutes les caractéristiques de l'architecture de ce début de siècle.

La brique est complètement abandonnée au profit de la pierre de Lezennes employée seule. Les sculptures de pierre blanche sont elles aussi complètement supprimées : tout est ramené à des lignes géométriques et à des rapports de pleins et de vides.

Autre caractéristique de ce style architectural : un pilastre bossé à refends qui vient ici séparer la maison en trois parties et rompt avec la monotonie de ses lignes horizontales.

Le Rez-de-chaussée

Décoré en 1839, le rez-de-chaussée oppose sa richesse décorative à la sobriété des étages supérieurs. Il est l' oeuvre de l'architecte Benvignat et du sculpteur Huidiez. Leurs deux noms se lisent sur le très beau portail qui, comme le balcon, emprunte son répertoire de formes décoratives aux recueils maniéristes, tels ceux de l'école anversoise ou du Bruxellois Francquart. Sirènes, masques, guirlandes et arabesques y sont largement utilisés, ainsi que les médaillons, motifs favoris de Benvignat.

Le portail divise la façade en deux parties symétriques. De part et d'autre, les deux larges vitrines sont encadrées de marbre noir veiné de blanc. Toute la partie supérieure est ornée de moulures en cuivre ménageant des médaillons.

Enfin, quatre larges modillons viennent supporter le balcon du premier étage dont la décoration de fer forgé, riche et élégante est ponctuée par des médaillons ou se lit un R (pour Rollez) et tenu par des sirènes.

L'intérieur

La décoration intérieure fut elle aussi confiée en 1839 à Huidiez et Benvignat aidés du peintre Stalars.

Le premier réalisait à l'époque la plupart des travaux d'ornementation des hôtels particuliers et des monuments publics de Lille et des environs. Parmi eux, citons l'intérieur du Théâtre et de la Bourse, de la Préfecture, de l'extérieur de l'église Saint Maurice, de la Chaire de l'église St Etienne à Lille.

Charles-César Benvignat, était, quant à lui, peintre, archéologue et architecte de la ville de Lille. Il édifia de nombreuses églises et mairies de la région, restaura la Vieille Bourse, construisit la Halle aux sucres, l'Hôtel de Ville en 1849, la faculté des Sciences et de l'Ecole de Médecine.

La décoration intérieure

À l’intérieur, un balcon, des étagères en alcôve, et des plafonds peints dans un style orientaliste confère au lieu une ambiance chaleureuse. Sur les comptoirs originaux de la boutique, classés aux monuments historiques, on peut voir gravé le «R » de Rollez, propriétaire de l’établissement de 1773 à 1849.

Dans la décoration intérieure, le plafond est composé de compartiments en bois sculpté, chromolithographié et doré. Le rythme que crée cette succession est repris sur trois côtés du magasin par deux rangées superposées d'arcatures de bois. La rangée supérieure s'ouvre sur un balcon soutenu par des modillons de bois doré, travaillé d'arabesques. Sa balustrade, richement décorée, vient équilibrer, par son horizontalité, la scantion verticale que donnaient les arcatures. A l'équilibre des verticales, des horizontales et des courbes, vient s'ajouter une profusion d'éléments décoratifs tirés des mêmes registres que ceux qui ornaient la façade. Cette décoration excessivement riche et colorée donne au magasin un cachet très particulier qui n'avait pas échappé aux contemporains. L'un d'eux le décrit comme « une bonbonnière de style fleuri ».

Le décor somptueux fait place dans le salon de thé et la maison d'habitation, à des boiseries sculptées plus sobres et d'époques différentes : guirlandes, trophées et frises représentant des scènes mythologiques.